Chroniques indiennes

Hier j'ai touché le sol de Bollywood. Ses paillettes, ses strass, son bling bling, ses stars et son public déchaîné.

C'était la fête annuelle de Gitanjali. Gitanjali c'est LA marque de bijoux et de diamants par excellence. Son PDG, Monsieur Gitanjali possède le seul yacht amarré dans la baie de Bombay, en face du Taj...
Pour donner le ton de la fête, nous étions conviés au palace La Renaissance, tout au nord de la ville, entre les studios de Bollywood (au bout du monde).
Soirée à ne pas manquer parce que c'est LA ou il faut être vu, selon mon boss.
Motivation ultime, nous partons du bureau à 18h pour arriver à la fête à 21h. Oui, tu as bien compris, 3h d'embouteillages, mais coûte que coûte il fallait y aller... Moi je dormais à moitié dans la voiture, autant te dire que quand je suis arrivée, il m'a fallu quelques verres pour me réveiller.
La fête était donnée pour la nouvelle collection de bijoux, nous avons donc eu droit à un défilé. Mais qui pense "défilé" ne se doute pas de ce qu'est un défilé indien! C'est partie pour plus de 2h de show. 3 collections étaient montrées entrecoupées de spectacles de danses bollywoodiennes, de concerts, d'interventions des grandes stars bollywoodiennes, de promos des prochains films à sortir, de stars encore et le tout orchestré par Sirus, le Patrick Sébastien local... Pas du tout lourd, pas du tout long, pas du tout lent donc... Les trois L fatals à tout événements.
Évidemment, comme nous étions assis au premier rang, à coté de M. Gitanjali himself, nous ne pouvions pas partir au milieu du show. Je n'ai jamais autant eu envie de verser une larme en 2h de temps qu'hier soir. Être la, assise à coté de l'homme le plus gros et suant du monde (et qui empiète un peu sur ma chaise) à regarder un show longuissime sachant que derrière la porte, à deux pas, se trouvait un buffet open bar monstrueux, et beaucoup de gens intéressants à rencontrer... J'ai pris mon mal en patience.
Et j'ai eu raison car j'ai pu me rendre compte de la folie que certains acteurs crées chez leurs fans. Salman Kahn AKA la plus grosse star du moment est arrivé. Et à ce moment précis, j'ai vu, de mes yeux vu, la folie des gens. Les centaines de personnes présentes dans la salle sont tout d'un coup devenues incontrôlables. Ils se sont tout simplement jetés sur lui à tel point que lui, mais surtout moi, avons eu peur...  Un peu comme Patrick Bruel et l'histoire de la pizzeria aux champs élysées.
Mais mon accomplissement personnel de la soirée s'est fait juste après. Mon voisin s'est transformé en un bel éphèbe sans que je m'en aperçoive. Mister Gitanjali, monté sur scène pour un petit show, à tout d'un coup été remplacé par Neil Nitin Mukesh. La comme ça, je me doute que ça ne te dise rien, mais vas voir ici, et tu te rendras compte que c'est le seul acteur de bollywood dont j'ai vu la performance au cinéma. Regarde la vidéo, c'est celui qui ressemble le moins à un indien et qui as une petite barbe... Ok c'était pas John Abraham, mais j'avoue que j'étais bêtement contente d'être assise a coté de lui le temps que ça a duré...
J'ai été contaminée par la fièvre de Bollywood.

Comme tu l'as si bien remarqué, toi lecteur aguerrit à l'oeil de lynx et à la perspicacité du pingouin, je ne te parle pas de Mumbai, ni de Bumbai, mais de Bombay...

C'était quand j'avais pas oubliée d'être bête et que je n'étais pas allée chercher plus loin le pourquoi du changement de nom d'une ville, que j'avais décidé d'employer Bumbai, pour mettre tout le monde d'accord. Mais après 3 jours ici, j'ai vite compris (parce que la je suis (re)devenue intelligente) que le changement de nom était dû à l'arrivée au pouvoir d'un parti politique, le Shiv Sena.
Quezaquo? C'est ça... Je t'épargne le copié collé.

Mais en gros, c'est un parti ultra nationaliste, hindou et très religieux, raciste sur les bords et surtout antimusulman... Un peu le Le Pen national en somme. A son arrivée au pouvoir à Bombay en 1995, il a rebaptisé la ville Mumbai, du nom d'une déesse hindoue. Il a aussi rebaptisé toutes les rues de la ville en changeant les noms aux rappels historiques anglophones avec des noms hindous, idem pour les gares etc...Ainsi la Victoria Train Station, très beau bâtiment soit dit en passant, devient Chhatrapati Shivaji Terminus par exemple... Imprononçable.

Je te raconte pas les problèmes que ça cause parfois quand tu demandes ton chemin ou dans un taxi, entre ceux qui ont décidé de poursuivre avec les anciens noms et ceux qui ont suivi la logique de l'Armée de Shiva...
Dans un monde parfait, il faudrait connaître les deux noms dans le cas ou ton chauffeur de taxi à décidé de ne pas être coopératif...

Aussitôt, mais pas après de longues discussions avec des indiens, je décide de faire comme eux et de poursuivre ave c l'appellation d'origine, Bombay, issue de Bom Baya, "la belle côte" en portugais.

J'ai aussi pris la liberté de te tutoyer, j'espère que tu ne m'en voudras pas.

Ce matin il fait beau, grand bleu et les rayons du soleil réchauffent ma peau alors que je suis encore dans mon lit. Il est 6h30 et je suis de bonne humeur! (Oui mon ami, je suis matinale)

C'est pas que la chaleur m'ait manquée, bien au contraire il fait toujours 35° ici, mais c'est le ciel bleu et cette impression d'été (ENFIN!) qui m'a fait émerger d'une humeur aimable et champêtre (si j'ose dire, pour cette ville de 21 millions d'habitants).

L'autre raison de ce sourire matinal, c'est qu'aujourd'hui, je signe mon lease, mon bail pour les francophones. C'est un détail pour toi, mais une fois ce papier en main c'est un peu comme un passe droit vers la liberté. Plus de problème avec mon proprio qui n'arrête pas de changer le contrat, et surtout, surtout à moi le droit d'avoir une ligne de téléphone à mon nom. Et rien que l'idée de mettre Vodafone le nez dans sa m&%§e me rend toute jouasse. Cette journée va bien se passer, j'en suis sure.

RDV à 10h avec ma tripotée de brokers (souviens toi, ici on est plusieurs pour faire le job d'un seul) et mon proprio (un charmant homme qui approche la 60aine, qui a deux filles de mon age et qui adorent les français). Il m'aime bien, le courant est passé et je suis sure de ne pas le trouver chez moi quand je rentrerai le soir. Il habite à Bangalore!

Je prends le train direction Bandra. C'est une heure de pointe, j'ai un peu peur de devoir me battre pour rentrer dans un wagon ou de devoir faire attention à l'arme fatale des femmes, leur petit talon qui fait très mal au pied (mais ce sera le sujet d'un prochain billet).

Bref. Ce matin, personne dans le train, un place assise près de la fenêtre, le vent caresse mon visage et je me prends à rêver à la future déco de mon appart'.
Arrivée au tribunal 45 minutes plus tard, les choses s'accélèrent, 17 millions d'indiens me sautent dessus pour que je signe un papier par ci, un autre par la, que je donne mes papiers d'identités, mon visa 3 photos d'identités... Nous ne sommes même pas encore rentrés dans le tribunal... je découvrirai plus tard que je ne rentrerai jamais dans ce tribunal. Tout se fait donc sur le trottoir. (Quand je dis que le trottoir est tout sauf un trottoir à Bombay!) Accroupie je signe religieusement tout ce qu'on me demande de signer, paraphe tout ce qu'on me demande de parapher et donne tout ce que je possède.
Les brokers rentrent et sortent du tribunal avec chaque fois un nouveau document... C'est interminable. 2 heures plus tard, les genoux en compote et très en retard pour un RDV au boulot, je commence à m'impatienter (note bien que c'est seulement au bout de 2h, je fais beaucoup de progrès ici). Je commence à comprendre qu'il y a un problème. Vois tu, mon proprio, cet homme angélique, partage l'usufruit du bien avec sa sœur. Tous deux habitent à Bangalore, et seul lui a fait le voyage jusqu'à Bombay. Mais le tribunal exige la présence de la sœur... Notre demande de "registration du lease" est donc refusée, il faudra tout recommencer à zéro d'ici 2 semaines... Même pas moyen de glisser un petit billet... rien... Il faut se rendre à l'évidence : je n'aime plus beaucoup mon proprio...
A cause de lui, on me dit que je dois revenir et passer à nouveau 2 heures accroupie à signer des papiers. Mais cette fois, je suis prévenue et j'éviterai la jupe, une question de confort devant mes 17 brokers... On ne m'y reprendra plus!

Bye bye terrible et sanglante vengeance chez Vodafone, bye bye rêve d'aménagement, bye bye inscription à la "dgym", bye bye ouverture de mon compte indien... tout ça est reporté... encore...

Mais j'ai eu le plaisir de signer à l'indienne, c'est à dire de plonger mon pouce gauche dans de l'encre et de le poser à coté de ma photo d'identité!

Last but not least, un dernière épisode de ma trépidante vie quotidienne.

J'ai découvert que l'humidité de la mousson a d'autres vertus que celles de te rendre fou, de te faire coller dans tes vêtements et de développer des odeurs pestilentielles dans la ville.

Oui, l'humidité de la mousson a aussi le pouvoir de faire moisir tes fringues, tes sacs en cuirs, tes chaussures...
J'ai donc profité de ce jour de maladie pour aérer mes placards et j'ai découvert que mon sac en cuir qui me suit depuis plus de 5 ans était en train de pourrir. Originellement marron, il était devenu tout vert. Pareil pour mes spartiates qui m'ont coûtées un bras il y a deux ans (et que je continue à amortir).

La preuve en image :

Excusez les photos, mais la c'est avec les moyens du bord (photobooth).

Si seulement il n'y avait que ça... Mais c'est aussi ma veste Tara Jarmon qui a douillée, mon super pantalon noir, classe lui aussi, deux chemises, mes bottes en cuir et d'autres chaussures.. Bizarrement j'ai le plaisir de constater que mes t-shirt de bases et mes fringues H&M vivent très bien l'humidité. Ce serait donc uniquement les fringues de marques et de "qualités" qui prennent??!!!!

Ma réaction?
Ni une ni deux, enclenchage de ventilo et ouvrage des fenêtres, je sors toutes mes fringues de mon placard et mets dans la machine celles qui pourrissent. Mise en marche de machine.

Achetage de ce  produit, Cherry Blossom, rien d'autre que du cirage pour chaussure. Avec lui,  je m'attaque à mes affaires en cuir... Sur l'emballage, il y a marqué "Shines, nourishes and protects", ya plus qu'à espérer que la publicité mensongère soit interdite en Inde...

Mais un malheur n'arrivant jamais seul, et la nous en sommes à deux (rappelle toi, je suis malade et mes fringues pourrissent dans mon placard). Les Chutes du Niagara se sont délocalisées dans ma salle de bain.
Le tuyau d'alimentation en eau de ma machine à laver a lâché.... Bombay n'est pas inondée, mais ma salle de bain l'est...
Je vide l'eau de la machine, sors mes fringues, et termine de les laver à la main... J'en avais aussi profité pour y mettre les draps et les serviettes...

Après mure réflexion, je crois que je ne suis pas la plus grande fan de la mousson...

Je l'avoue, je suis clouée au lit, malade, donc j'en profite pour vous bombarder de tout ce que je n'ai pas eu le temps d'écrire depuis 10 jours...

Fait marquant pour Bombay, le sealink, qui relie le quartier de Worli à celui de Bandra est enfin ouvert.

Bandra, pour ceux qui ne connaissent pas, c'est LE quartier par excellence.
Si on lui ajoute Juhu, un peu plus au Nord, c'est la ou sont tous les restaurants, les bars, les boites, la ou l'on vit un plus à "l'occidental", la ou d'ailleurs 90% des expats ont élu domicile ainsi que toutes les stars de Bollywood et les artistes (et la ou je vais habiter d'ici 3 semaines).

Avant le sealink, il fallait au moins 1 heure pour aller à Bandra depuis le Sud, et c'était sans compter les embouteillages pendant lesquels tu pouvais facilement programmer une playlist de 2 heures sur ton ipod.

Après plus de 10 ans de batailles politiques, de changements de constructeurs et d'architectes, de problèmes administratifs et financiers, j'en passe et des meilleures, le sealink, enfin ouvert, a pour vocation de désengorger la circulation Nord-Sud et vice versa de Bombay, et de faire gagner environ 20 minutes aux voyageurs.

C'est seulement à ma troisième tentative que j'ai enfin réussi à le prendre. Et pour cause!
La première semaine de son ouverture, l'effet sealink a été tout l'inverse escompté.
Des embouteillages sans précédant, impossibilité d'approcher le Graal et plus de 2h30 pour rejoindre le Sud (hôte de mon domicile actuel) par la route habituelle à une heure qui n'est en générale pas embouteillée.
Des indiens sont venus de Pune (ville située à 2 ou 3 heures de Bombay) pour voir le pont, le prendre, arrêter leur voiture en plein milieu et prendre des photos en famille sur le pont... C'est dire! Le sealink est un événement historique!

Au bout d'une semaine, il est devenu payant et moyennant la somme de 50 roupies, les véhicules à 4 roues, uniquement, peuvent conduire au dessus des eaux.
C'est donc tard dans la nuit du troisième week end de son ouverture que, dans une voiture aux vitres tintées avec 3 amis indiens, j'ai pu enfin avoir le bonheur de rouler à toute blinde, façon formule 1, sur le fameux sealink.

Avec la vitesse, les zig zags entre les voitures et la nuit, je n'ai absolument rien vu, et je ne sais si notre temps record pour aller de Juhu à Walkeshwar (extrême Sud sur la pointe en bas a gauche sur la carte) était dû au pont ou à la conduite d'Ammit, aka Schumi.

J'avoue que ma concentration était, sur le moment, entièrement fixée sur mon inquiétude de ne pas passer par dessus bord, car avec les vents violents et la pluie, je n'avais plus entièrement confiance en Schumi...

Deux billets en un jour?!
Ça faisait 10 jours que j'avais pas pris ma plume mine de rien, et il s'en passe des choses ici...

Comme je vous le disais dans ce billet précédent, les météorologues, les spécialistes de la pluie et tous les autres avaient prédit  l'apocalypse pour ce week end... C'est effectivement hier que Bombay a connu la marée la plus haute du siècle, plus de 5m de haut.
Cumulée avec de lourdes pluies de mousson, Bombay aurait été plongée sous les hauts, puisque ces dernières n'auraient pas pu s'écouler vers la mer.
Hier, il n'a pas plus, il a même fait beau, et aujourd'hui, malgré des vents forts, le temps est stable.
Partout, sur les bords de mers, les vagues s'éclataient contre les roches, provoquant l'hilarité des enfants attendant de se faire tremper.

Bombay ne connaîtra pas les inondations du siècle, je ne serai pas bloquée chez moi pendant 72h, m'empêchant d'aller travailler... et la ville restera au sec enfin en grande majorité car les bords de mer et les quartiers bas ont bien été inondés par quelques centimètres d'eau, mais c'était rien par rapport à l'alerte qui était lancée...

Comme je n'ai toujours pas d'appareil photos, je vous invite à regarder ici, la ou encore la des photos de pro pour vous faire une petite idée de ce que ça aurait été avec des pluies torrentielles en plus.

Ah, on est pas en Inde si on a pas de petite musique dans son ascenseur ou dans sa voiture quand on fait une marche arrière et surtout si on klaxonne pas à la moindre occasion!

Le klaxon, ici, tu l'utilises pour tout et pour rien.
Il est aimable et prévenant ; BIIIIIIIIIIIIIIIP, "hé vous à 4 sur la motos avec 2 enfants, faites attention, je passe sur votre droite".
On n'utilise pas les rétros, on ne s'occupe que de ce qui se passe devant, à coté et derrière c'est pas le problème du conducteur...

Il est musical : BIIIIIIIIIIIIP, "aucune raison plausible mais le voisin klaxonnait alors pourquoi pas moi?"

Il est comme chez nous : BIIIIIIIIIIPP , "tu conduis comme une grosse merde!"

Il est fort désagréable : BBIIIIIIIIIIIIIPPPPPPPPPPPPPP "dégage de la route sale piéton de merde".

C'est à ce dernier que j'ai le plus souvent à faire. Toi qui connais ma conduite dans les rues de Paris, tu te doutes bien que JAMAIS je ne conduirai à Bombay, ni dans aucune grande ville indienne.
Quoi que...
Ils ont beau conduire comme des malades (et par la je pense vraiment comme des malades), je n'ai jamais vu aucun accident. A part mon taxi d'hier soir qui dans un moment d'égarement à raté son démarrage en côte et à percuté dans un grand BOUM la voiture derrière, qui n'a pas moufté!
Aucun respect du code de la route (pourquoi s'arrêter au feu rouge, on perd du temps), on double à droite, à gauche, en diagonale (en se passerait même dessus si on pouvait) on s'en fout puisque d'un grand coup de paluche on avertit celui devant par un merveilleux BIIIIIIIIIIPPP , tu l'auras compris.
On klaxonne, on se frôle, on se fait des queues de poissons, on s'insulte, mais on a jamais d'accident à Bombay... Et à chaque fois ça m'étonne que la voiture qui me transporte arrive intacte à destination.
Pas vraiment de "file" prédéfinie sur la chaussée, on se met la ou ya de la place, quitte à empiéter un peu sur le trottoir puisque le piéton n'est rien...
"Si il/elle/ce tout petit enfant ne court pas pour m'éviter, je l'écrase", se dit le chauffeur de n'importe quel véhicule (taxi fiat, rickshaw, voiture lambda, voiture gouvernementale, camion de flics, charrue tirée par des vaches ou des ânes, vélos, fauteuils roulants indiens, motos.... et tout autre moyen de locomotion utilisé par l'autochtone et que l'on trouve à foison dans les rues de la ville.)

La semaine dernière, j'ai fait un truc impensable, dingue et vraiment pas agréable après réflexion. Je suis rentrée à pied du boulot. Une bonne heure et demi de marche à alterner entre les trottoirs qui ne sont pas fait pour les piétons avec pas de trottoir du tout, à enfin un trottoir pour moi...
Une heure et demi à me faire klaxonner ou que je sois, à rentrer dans les centaines de milliers de gens allant dans le sens inverse au miens, à éviter de marcher dans des trucs dégueulasses (qui ne sont pas forcément issus des chiens) à me prendre des pots d'échappement digne de l'URSS des années 60 en pleine face, le tout avec mon parapluie ouvert, puisqu'il s'est mis à pleuvoir pile à ce moment sportif de ma journée.
Et je le dis haut et fort, moi grande marcheuse, Bombay n'est pas une ville faite pour marcher.

Je raconte cette expérience à un ami Indien, qui me demande: "Mais pourquoi tu ne te mets pas sur les trottoirs?"
Je lui réponds comme je te fais découvrir, qu'à Bombay, les trottoirs ne sont pas des trottoirs, se sont des extensions de maisons, (la tu es dans le salon d'une famille qui te fait bien sentir d'un regard méchant que tu n'es pas la bienvenue), des extensions de restaurants (si tu ne consommes pas, tu dégages), la ou on chique et crache son paan, ce sont des dépotoirs, des annexes de travaux publics, des magasins...
Le trottoir bombayite est tout ce que tu peux imaginer, mais le trottoir bombayite n'est pas un lieu de randonnée pédestre.
Il me répond que, de toute façon, il n'a jamais marché plus de 10 minutes à Bombay.

En ce moment c'est avec ce tube qu'on nous rabâche les oreilles partout. A la radio, à la télé dans les cafés...
Un lavage de cerveau qui (je l'avoue, je me confesse et j'en suis la première étonnée) a marché sur moi.

Oui je me surprends à chanter dessus (je comprends pas les paroles mais on a tous chanté en yaourt pendant notre enfance sur les chansons anglaises dont on pigeait rien) et je commence même à avoir des petits mouvements de danse...
Qu'est ce que l'Inde est en train de faire de moi....

Je vous mets le clip aussi pour que vous puissiez apprécier comme il se doit la chanson et découvrir les 3 grosses stars de Bollywood actuellement...

Mais attend, Bombay c'est aussi ça!

La vue de mon appartement directe sur la mer et cap sur l'ouest, donc Toi.

Ou le perroquet qui venait toquer à ma fenêtre chaque matin

Avant la mousson évidemment parce qu'après ça donne ça:

Un magnifique nuage de pluie qui se dirige droit sur Bombay pour y rester 3 mois.
Et encore il parait que cette année j'ai de la "chance". Non seulement la mousson est arrivée avec beaucoup de retard mais en plus elle n'est pas aussi forte que les années précédentes.
La ou normalement on aurait du avoir des inondations dès les marées hautes du 24 juin, on ne les a que depuis 2 jours. Et encore c'est pas grand chose comparé aux autres années. Dans certaines villes de l'Inde la mousson n'est pas encore arrivée (et n'arrivera probablement pas), ce qui cause des sécheresses et des restrictions d'eau.
Les pluies de la mousson alimentent les nappes phréatiques de l'Inde pour toute l'année...
Sans eau, pas d'agriculture et tout ce qui s'en suit.
Mais les spécialistes prédisent l'apocalypse pour les marées de 6m de haut fin juillet, quand la ville ne peut se défendre que contre 4,50m. On ne désespère pas, on aura à manger l'année prochaine! (Si on s'est pas noyé d'ici la). Enfin, je ne fais que répéter ce qu'on me dit aux infos, parce que moi, petite occidentale qui ne connaît que le crachin hivernal parisien, je suis vraiment impressionnée par ça :

http://www.youtube.com/watch?v=UAHdb5XrN4k

A quoi ressemble donc la "vraie mousson" ??

En rentrant chez moi je me suis demandée par quoi j'allais commencé. Qu'est ce que j'allais bien pouvoir raconter.
La façon de conduire des indiens? Ou le fait que le piéton n'est RIEN? Non trop commun, on le sait ça, même quand on est jamais allé en Inde.
La mousson, la chaleur, l'humidité et les cheveux qui ressemblent à rien? Vous vous en foutez de mes problèmes de coquetterie.
L'épisode Vodafone peut être? Il a du potentiel mais le dossier n'est toujours pas clôt et ça m'énerve encore un chouilla trop pour en parler avec humour.
Le 14 juillet du Consul de France au Taj hôtel? bah yavait du fromage, du vin et Benny B.
La politique? Le plus grande démocratie du monde? Ma rencontre avec Jonhy Joseph le "Chief Secretary" de l'administration de l'Etat du Maharastra? Oui on peut faire des sujets intellos aussi. Et je tiens à spécifier que le nom est véridique.
Le fait que j'ai encore vachement de mal à intégrer la ville et que je suis constamment perdue?

Bref, comme ça pendant 30 min dans les embouteillages je me demandais.... et puis c'est arrivé d'un coup. THE inspiration :

Ça a commencé par la petite musique tellement énervante de l'ascenseur de mon immeuble : la lambada. Mais attention avec un son qui n'est même pas digne de sortir d'une sonnerie de téléphone. Ça marche comme ça: la porte s'ouvre et la lambada se déclenche, la porte se ferme, elle s'arrête. Arrivée à mon étage, la porte s'ouvre, la lambada se déclenche puis s'arrête quand je me dépêche de sortir pour arrêter ce son strident. Encore, si c'était que 2 fois pas jour, mais c'est tellement fort que je peux être dans ma chambre et entendre les voisins rentrer et sortir de l'ascenseur. Mon oreille est devenue tellement fine que je sais à quel étage cette terrible invention se trouve. LaaaaaaaalalalalaLaaaaaaaalalalala lalalalalalalalalala lalalaaaaaalalalaaaaaa.
Sur le pallier, ma porte est ouverte... Et la je me demande qui je vais bien pouvoir trouver chez moi...
Mon proprio en train de boire le café ou de régler un énième tout petit problème qui en tant normal prendrait 3 secondes à résoudre mais qui on ne sait pas pourquoi, ici (ou peut être simplement avec lui) prend tout de suite une après midi entière?
Les peintres, les électriciens, les plombiers, les gardiens, les voisins?
Notez LES pluriels car on vient en bande faire le boulot d'un seul.
Non rien de tout ça, mais 3 charpentiers. Oui mon proprio a décidé de faire construire un meuble sur mesure dans le salon pour ranger la vaisselle. Bonne idée, bonne initiative même, seulement j'étais pas au courant...
C'est pas grave que j'vous dirai.
Enfin ils viennent de m'annoncer qu'ils allaient rester travailler jusqu'à 21h pour avoir fini ce soir.
Moi je suis rentrée tôt du bureau parce que je suis malade et que je voulais me coucher illico.
Le pire, c'est que je sais que demain ils seront la à 8h pétante parce qu'ils n'auront pas fini ce soir.

Voila c'est ça aussi Bombay, 21 millions d'habitants... même en habitant seule, on est jamais vraiment seule... Logique?